Catéchèse / Catéchèse scolaire


L’enseignement de la religion
à l’école publique

 

Le statut scolaire de l’Alsace et de la Moselle intègre un enseignement de la religion dans le programme scolaire des écoles élémentaires, des collèges et des lycées. Cette réalité en école publique n’existe pas dans les autres académies de France, mais existe dans la majeure partie des pays d’Europe. Elle s’adresse à tous les élèves à raison d’une heure par semaine inscrite dans l’emploi du temps.

 

Discipline d’enseignement, la religion s’inscrit dans l’acquisition du socle commun des connaissances, de compétences et de culture. Elle permet à des élèves de construire leur identité et d’apprendre à vivre ensemble dans l’estime des différentes convictions, cultures et religions.  Les cours sont dispensés par des professeurs de religion (PDR) en collège et en lycée et des intervenants de religion (IDR) en école élémentaire, proposés par les autorités religieuses, agréés par les services académiques et formés par les organismes compétents.


Marie-Claude Grienenberger et Catherine Greter
Marie-Claude Grienenberger et Catherine Greter

Dans notre Communauté de Paroisses constituée de 10 villages, deux intervenantes de religion (IDR), Catherine Greter et Marie-Claude Grienenberger dispensent l’enseignement de la religion auprès de 230 enfants environ, du CP au CM2. Actuellement 13 heures d’enseignement religieux sont réparties dans les diverses écoles. Ces heures varient en fonction des ouvertures et fermetures de classes. Dans l’ensemble, une très forte proportion d’élèves est inscrit à ce cours.

 

L’articulation ainsi que la particularité de ce cours permet aux enfants de mieux comprendre leur propre religion et d’apprécier celle des autres, de s’ouvrir au monde dans lequel ils vivent, de lutter contre l’ignorance du fait religieux, de débattre autour de questions éthiques à partir de textes, de grands témoins de la foi  et de l’actualité, d’obtenir des réponses à des questions parfois muettes ou que l’on n’ose pas aborder avec ses proches… Bien souvent, lors des rencontres de formation, les intervenants de religion  témoignent du bien-fondé de cet enseignement ainsi que de son impact positif sur le vivre ensemble. La dimension spirituelle de même que le questionnement existentiel individuel des élèves dans le respect  de leur démarche personnelle sont également abordés et dynamisent les échanges. Des liens se tissent entre les élèves et l’adulte. Les IDR ont à cœur d’éveiller leur curiosité, de contribuer un tant soit peu à les faire grandir dans tout leur être dans le respect et la liberté de chacun.

 

Dans nos villages et dans la majorité des cas, la transmission de la foi dans les familles est courante. Cela est incontestablement une richesse pour tous. Pour certains enfants en revanche, l’IDR est parfois la seule personne à même de leur parler de culture biblique et religieuse. Lorsque c’est le cas, nous mesurons (les IDR mesurent) encore plus à quel point cet enseignement religieux est une chance. Les cours sont ouverts à tous les élèves, au-delà des convictions et des appartenances religieuses.

 

De nouveaux programmes sont disponibles depuis septembre 2013 et s’inscrivent dans une triple nécessité :

  • Répondre à des demandes d’actualisation des contenus,
  • Prendre en compte l’évolution des publics scolaires,
  • S’inscrire dans la réforme de l’école.

 

Ainsi, loin d’être archaïque ou dépassé, l’enseignement de la religion se veut innovant et actuel. Pour illustrer ce dernier propos, le contenu de deux  chapitres est succinctement développé ci-dessous.

 

 Le chapitre « Grandir » accompagnera des élèves de CE1. Il comporte la progression suivante : Engager un débat sur la signification du verbe « grandir » en lien avec d’autres chapitres déjà vus. Le conte danois de la « belle histoire d’un petit grain de blé » illustre le thème.

  •  Faire découvrir la parabole de « la graine de moutarde ». Évoquer le cadre socio-culturel et historique dans lequel Jésus a vécu.
  •  Faire comprendre la parabole.
  • Dialoguer autour des termes « partage » et « solidarité » en s’appuyant sur des situations réelles : à partir d’un exemple de partage vécu entre des enfants de France et ceux de la République centrafricaine sur le thème de l’hygiène et de la santé, inviter les enfants à nommer des situations de solidarité autour d’eux.

 Avec des élèves de CM2, le chapitre « S’engager pour » leur fait rencontrer des hommes et des femmes qui au nom de certaines valeurs, ont décidé d’entreprendre des actions.

Une progression :

  • Avec un témoin de l’histoire : Don Bosco s’engage en faveur des jeunes.
  • Avec une figure contemporaine : Malala, prix Nobel de la Paix à 17 ans, s’engage pour l’éducation des filles au Pakistan et dans le monde.
  • Des hommes et des femmes se sont engagés et s’engage à la suite … (de Jésus pour les chrétiens). Avec le texte biblique « le sermon sur la montagne », découvrir l’appel de Jésus à répondre à des exigences de vie et de relation.
  • Des croyants de différentes religions partagent des valeurs communes pour construire un monde de paix, de dignité, de respect.

 

 

Marie-Claude Grienenberger

Quelques réflexions quant à l’enseignement religieux à l’école

par Mgr KRATZ, Evêque auxiliaire

 

Depuis quelques mois maintenant, les turbulences autour de l’enseignement religieux à l’école s’accentuent. Les arguments mis en avant par ceux qui militent pour sa marginalisation, voire sa suppression, sont connus : il est obligatoire, il exige une demande de dispense si les parents ne souhaitent pas que leur enfant y participe, il prive les petits alsaciens de 180 heures d’enseignement général, il est archaïque et intolérable dans une république laïque.

À toutes ces accusations, les autorités diocésaines ont répondu à de multiples reprises. Faut-il donc rappeler une fois de plus que cet enseignement n’est obligatoire pour personne, sinon pour l’État qui doit  l’organiser ?

Faut-il rappeler que depuis des années la fameuse demande de dispense se réduit à cocher d’une croix la case d’un formulaire, sans justification à donner ?

Faut-il rappeler que les petits alsaciens, malgré la « privation » de 180 heures d’enseignement, sont classés parmi les tout meilleurs dans les évaluations nationales, sans parler de tout ce que ces enfants  acquièrent en plus grâce à leur participation à l’enseignement religieux et dont sont privés leurs camarades. Enfin, faut-il rappeler que la laïcité bien comprise ne prétend pas devenir un nouvel absolu, mais  permet à toutes les religions de s’exprimer, y compris dans l’espace public ?

La laïcité « à l’alsacienne » n’est pas moins laïque et respectueuse de la conscience et des convictions de chacun que la laïcité vécue à Paris, en Bretagne ou en Auvergne ! Nous sommes fatigués d’être sans cesse attaqués sur nos spécificités et nos richesses originales, au moment où l’actualité tragique des attentats montre l’urgence de faire passer nos enfants et nos jeunes d’une laïcité d’ignorance à une laïcité d’intelligence.

À une époque où les repères se brouillent, où les règles structurantes permettant la cohésion sociale sont contestées ou ignorées, à l’heure où la transmission des valeurs se fait difficilement et où l’ensemble des institutions sont largement en crise, il est plus qu’important que soient offertes aux jeunes générations une culture religieuse de qualité, une recherche de sens, une éducation à la liberté et à la responsabilité.

Telle est l’ambition de l’enseignement religieux à l’école. Ne perdons pas la chance que nous avons en Alsace-Moselle de pouvoir en bénéficier et battons-nous pour qu’il soit maintenu dans des conditions acceptables.

À vous, parents, j’ose adresser cet appel : parce que l’enseignement religieux à l’école constitue pour vos enfants une occasion privilégiée d’enrichir leur esprit et d’élargir leur coeur, incitez-les à y participer afin qu’ils grandissent en maturité, en liberté, en capacité de devenir des citoyens responsables et engagés au service du bien commun.

De plus, cet enseignement favorisera progressivement les choix de vie que chacun doit faire, y compris l’adhésion ou non à une religion, car la question de Dieu et de la transcendance ne peut demeurer un sujet tabou. Il est essentiel qu’existent des lieux et des moments où on puisse en parler et en discuter, et ce dès le plus jeune âge. Le sens de la vie, de la mort, de l’amour mérite que l’on prenne du temps pour s’interroger et approfondir le message des religions.

Chacun doit pouvoir trouver des raisons de vivre et se constituer un socle de valeurs et de convictions sur lesquelles fonder son existence et chercher le bonheur. L’enseignement religieux à l’école contribue pour sa part à cette quête de vérité et d’espérance…

Chers parents, aujourd’hui nous avons besoin de vous, de votre bienveillance, de votre soutien actif, de votre mobilisation généreuse pour garantir un avenir serein à l’enseignement religieux à l’école. En aucun cas, le cours de religion n’a des intentions prosélytes ; il veut simplement répondre de la meilleure manière possible aux défis que lance le monde d’aujourd’hui afin que chacun dispose de bons outils pour s’y repérer, s’y engager, y trouver son épanouissement dans l’estime et le respect de la création et de tout être vivant.

† Christian KRATZ, Évêque auxiliaire

[Église en Alsace – Sept 2016)


2016  La Religion à l’école

Lettre de Christophe SPERISSEN, Directeur du Service de l’Enseignement de la Religion

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