JEUDI SAINT

CENE DU SEIGNEUR

Hagenbach - Jeudi 29  mars 2018


Jeudi 29 mars, la messe du jeudi Saint  « en mémoire de la Cène du Seigneur » a été célébrée dans la salle de la Tuilerie à Hagenbach en présence de nombreux paroissiens. La célébration était animée par la chorale inter-paroissiale sous la direction de Laurent Schnoebelen avec la participation des confirmands et de nombreux servants d’autel.

Avant de procéder au rite du lavement des pieds qui nous montre l'abaissement de Jésus "venu non pas pour être servi mais pour servir », le père Jean-Paul  nous a fait part, pendant l’homélie,  de la méditation de Monseigneur Luc Ravel sur les attentats du 23 mars :

 

Le service de Dieu, le vrai et le faux

"Qui, de celui qui tue des innocents au nom de Dieu ou de celui qui prend la place des otages jusqu’à en mourir, sert vraiment Dieu ? Qui de Radouane Ladin ou du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame servait vraiment Dieu ?

Dans ce beau département de l’Aude, il y avait deux hommes dont les destins vont se croiser. Deux hommes faits pour servir Dieu, l’un autant que l’autre, pour honorer son Nom, en priant et en aimant ses frères.

Deux hommes qui croyaient en Dieu.

Le premier pensait : je veux Le servir en tuant les impies en son nom. Il préparait ses explosifs et ses armes. Le second pensait : je veux relier mon amour à Celui de Dieu. Il se préparait au mariage religieux.

Le premier saisit ses armes, tua, blessa, s’enferma dans un magasin, prit des otages. Le second répondit à l’appel à servir son peuple, négocia, se proposa pour prendre la place des otages.

Ils furent tout proches durant presque deux heures. Puis les deux moururent.

Leur proximité physique durant ce temps de face à face dans le supermarché nous invite à réfléchir à leur proximité intérieure : l’un et l’autre se voulaient serviteur.

L’un et l’autre se sont donnés jusqu’au bout, jusqu’à la mort pour leurs convictions. Certains pourraient les regarder pareillement et admirer leur générosité et leur audace.

C’est là une terrible confusion. Elle s’explique ainsi : rien n’est plus proche de la lumière que l’ombre qui n’existe pas sans elle. Rien n’est plus proche de la vérité qu’une erreur qui en est simplement l’inversion.

Voici donc deux hommes qui, sous des apparences de même grandeur, vont exactement en sens opposé.

Le premier se servait de Dieu pour faire sa vie éternelle au mépris de l’autre. Le second servait Dieu pour faire le salut de l’autre au mépris de sa vie temporelle.

Le premier se fait tuer pour le service de lui-même jusqu’au sacrifice de l’autre. Le second est tué pour le service de l’autre jusqu’au sacrifice de lui-même.

Ce sont là deux hommes habités par deux mouvements absolument opposés.

Savoir le reste ne nous appartient pas.

Il ne nous revient pas de juger les mauvais. A peine pouvons-nous dénoncer leurs actes. Mais nous pouvons, nous devons, enrichir nos vies de l’exemple des bons.

Pour toutes les victimes, nous prions d’une prière vive et soutenue. Ainsi que pour leurs familles et toutes les institutions auxquelles elles appartenaient.

Parmi elles, nous nous inspirerons de l’honneur, de l’héroïsme et, en définitive, de l’amour de celui qui servait sa Patrie, ses frères et, en définitive Dieu lui-même."

 + Luc Ravel, archevêque de Strasbourg